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Coucou les amis,
Je viens d'écouter sur France Culture une émission très savante réunissant, outre l'animatrice, trois très savantes personnes, un sociologue, un professeur de philosophie politique, et enfin une dame présentée comme psychanalyste. Cette consœur, comme d'ailleurs les deux autres invités et l'animatrice, ne cessaient d'employer le terme "déceptif" et son féminin "déceptive" pour qualifier les résultats d'une politique qui ne comblaient pas les attentes des électeurs.
Serait-ce trop demander aux personnes censément cultivées, notamment celles qui "parlent dans le poste" ou qui débattent à la télévision, de se parer un peu moins de franglais et de revenir à un emploi des mots correspondant à leur sens défini dans le dictionnaire!
En effet, si les fruits n'ont pas tenu les promesses des fleurs, ces fruits sont décevants, et les promesses se sont ainsi révélées trompeuses.
Tiens, trompeuses! "Trompeur, trompeuse" est justement le sens de l'anglais "deceptive". Si on tenait absolument à parler franglais, il faudrait alors réserver le franglais "déceptif" à l'emploi de synonyme de "trompeur".
Dans ce cas il serait à peu près sensé de parler de promesses déceptives et de résultats décevants.
Le propos tiendrait alors debout, à l'inélégance près de l'emploi pédant de mots inutilement empruntés à une autre langue, même celle internationalement dominante, mais dont la place éminente dans les langues du monde ne justifie en rien la disparition des mots de la nôtre -pas plus d'ailleurs que ceux d'autres langues écrites ou parlées.
Certains emplois du franglais révèlent en outre l'illettrisme en langue anglaise de ceux qui croient lui emprunter ses codes.
Ajoutons à cela que la forme d'anglais qui se répand actuellement dans le monde sous le doux nom de "globish" est une sorte de langue de l'ânonnement d'idées pas toujours comprises par les locuteurs de ce sabir eux-mêmes, et qui ferait honte à un écrivain anglophone d'hier ou d'aujourd'hui.
Mesdames et Messieurs qui parlez dans le poste, faites un petit effort: essayez de parler un français correct, ou au moins un franglais juste. On vous comprendra mieux alors. Mais est-ce vraiment ce que vous souhaitez?
P.S. Le mot "assuétude" a ainsi pratiquement disparu du français, au profit de l'anglais "addiction", qui se traduisait par..."assuétude" jusque vers 1979. Mais cela permet au moins aux médecins français de partager un vocable commun avec leurs confrères anglophones, le mot ayant le même sens en français postérieur à 1980 et en anglais. Tandis que l'emploi de "déceptif" pour signifier "décevant" est pratiquement un contresens.
Je viens d'écouter sur France Culture une émission très savante réunissant, outre l'animatrice, trois très savantes personnes, un sociologue, un professeur de philosophie politique, et enfin une dame présentée comme psychanalyste. Cette consœur, comme d'ailleurs les deux autres invités et l'animatrice, ne cessaient d'employer le terme "déceptif" et son féminin "déceptive" pour qualifier les résultats d'une politique qui ne comblaient pas les attentes des électeurs.
Serait-ce trop demander aux personnes censément cultivées, notamment celles qui "parlent dans le poste" ou qui débattent à la télévision, de se parer un peu moins de franglais et de revenir à un emploi des mots correspondant à leur sens défini dans le dictionnaire!
En effet, si les fruits n'ont pas tenu les promesses des fleurs, ces fruits sont décevants, et les promesses se sont ainsi révélées trompeuses.
Tiens, trompeuses! "Trompeur, trompeuse" est justement le sens de l'anglais "deceptive". Si on tenait absolument à parler franglais, il faudrait alors réserver le franglais "déceptif" à l'emploi de synonyme de "trompeur".
Dans ce cas il serait à peu près sensé de parler de promesses déceptives et de résultats décevants.
Le propos tiendrait alors debout, à l'inélégance près de l'emploi pédant de mots inutilement empruntés à une autre langue, même celle internationalement dominante, mais dont la place éminente dans les langues du monde ne justifie en rien la disparition des mots de la nôtre -pas plus d'ailleurs que ceux d'autres langues écrites ou parlées.
Certains emplois du franglais révèlent en outre l'illettrisme en langue anglaise de ceux qui croient lui emprunter ses codes.
Ajoutons à cela que la forme d'anglais qui se répand actuellement dans le monde sous le doux nom de "globish" est une sorte de langue de l'ânonnement d'idées pas toujours comprises par les locuteurs de ce sabir eux-mêmes, et qui ferait honte à un écrivain anglophone d'hier ou d'aujourd'hui.
Mesdames et Messieurs qui parlez dans le poste, faites un petit effort: essayez de parler un français correct, ou au moins un franglais juste. On vous comprendra mieux alors. Mais est-ce vraiment ce que vous souhaitez?
P.S. Le mot "assuétude" a ainsi pratiquement disparu du français, au profit de l'anglais "addiction", qui se traduisait par..."assuétude" jusque vers 1979. Mais cela permet au moins aux médecins français de partager un vocable commun avec leurs confrères anglophones, le mot ayant le même sens en français postérieur à 1980 et en anglais. Tandis que l'emploi de "déceptif" pour signifier "décevant" est pratiquement un contresens.
1. Commentaires (3)
visiteur (Phil)
le 23/11/2016
Autre dérive avec "inatteignable" au lieu d'inaccessible.
L'adjectif inatteignable n'est pas incorrect, mais il n'est pas de très bonne langue. Il s'agit d'une création de Stendhal qui, mêlant français et anglais, écrit dans son Journal, le 18 mars 1813 : « The great places inatteignables for me ».
L'adjectif inatteignable n'est pas incorrect, mais il n'est pas de très bonne langue. Il s'agit d'une création de Stendhal qui, mêlant français et anglais, écrit dans son Journal, le 18 mars 1813 : « The great places inatteignables for me ».
visiteur (Eglia)
le 28/06/2018
Bis repetita
J'ignorais que cela remontait si loin, je l'ai constaté plus récemment. Ce sont généralement les mêmes personnes qui prononcent les expressions latines usuelles en latin avec ci prononcé qui (pour incipit par exemple) ! Quand le pédantisme engendre la sottise
Il y a aussi inécoutable comme si on ne pouvait entendre inaudible.
J'ignorais que cela remontait si loin, je l'ai constaté plus récemment. Ce sont généralement les mêmes personnes qui prononcent les expressions latines usuelles en latin avec ci prononcé qui (pour incipit par exemple) ! Quand le pédantisme engendre la sottise
Il y a aussi inécoutable comme si on ne pouvait entendre inaudible.
Un article précieux ! J'ai fait erreur en cliquant sur la première étoile alors que je voulais donner la meilleure note : 5/5.
Merci pour le nom "assuétude" que j'ignorais, et que j'emploierai désormais à la place d'addiction (que je n'employais pas !) Merci et félicitations !