Sujets connexes :
Faute ou erreur d'orthographe ?
" C'est ma faute / c'est ma très grande faute d'orthographe"
Qu'on le veuille ou non, le mot FAUTE est moralement connoté, le péché rôde... Aussi ai-je longtemps argumenté (assez vainement) pour que l'infâme "faute d'orthographe" cède à l'usage d'"erreur d'orthographe" En matière médicale, dit-on généralement "faute de diagnostic" ou "erreur de diagnostic"?... Implicitement, "faute" suggère la culpabilité, alors que l'erreur n'est qu'une défaillance pardonnable et, comme on le sait, humainement partagée. L'orthographe est la transcription d'une langue de son code parlé (pas seulement oral) en son code écrit. La difficulté résulte de l'arbitraire des codes. La langue parlée s'acquiert facilement dès le plus jeune âge par imprégnation; le petit enfant, avant tout apprentissage scolaire, maîtrise l'essentiel de la morphologie et de la syntaxe: il sait très bien qu'on dit "Je veux ( ) bonbons..." et non "Bonbons voulions ils...". Il applique les règles grammaticales sans le savoir. Je passe toutes les étapes de l'apprentissage de la lecture et de l'écriture pour en revenir à "la faute". On distingue l'erreur d'usage et l'erreur de grammaire. Celle-ci résulte généralement d'une confusion des deux seuls accords du français: l'accord en genre et en nombre et l'accord sujet/verbe; s'y ajoutent principalement la confusion articles/pronoms et la mauvaise maîtrise des modes. Je me rappelle une "petite sixième" qui, ayant écrit "Il oubli", s'étonnait que j'ajoute un E alors que "il" est masculin... Avait-elle commis une faute ou une confusion entre l'accord de conjugaison et l'accord en genre? Cette fillette avait réfléchi, s'était posé la question de terminaison, avait repéré le genre du sujet, mais, tout simplement, elle n'avait pas encore assimilé les codes. Devais-je la punir, en plus, d'une mauvaise note qui eût été la marque rouge de la FAUTE? Imaginons un élève dominant parfaitement les accords et qui, lors d'une dictée, les respecte à chaque phrase - sauf dans celle-ci: "Je les regardeS". Considérant l'ensemble de son travail, je ne peux que conclure à une baisse de concentration accidentelle. Plutôt qu'enlever des points à la correction, il me semble plus judicieux de souligner le passage et le reconsidérer avec l'élève qui, par réflexe, a associé LES et S. S'il corrige son erreur après réflexion, je n'ai aucune raison de baisser sa note car il ne s'agissait que d'un moment de distraction ne méritant pas l'amputation. L'erreur d'usage, exceptées certaines règles de constructions (adverbes, par exemple),relève essentiellement de la mémoire car qui trouvera une raison justifiant que l'on écrit "trafiQUant" mais "fabriCant"; "imbécile" mais "imbécillité", pourquoi la trace de béquille dans l'un plus que dans l'autre? Seule réponse possible: "C'est comme ça, on le sait ou on l'ignore." L'ignorance normative est-elle une FAUTE?... Je vous prie d'excuser cette contribution un peu longue, c'est un débat qu'a réveillé en moi un S "illégal" qui maraudait dans un de mes textes. Je propose donc qu'on remplace "faute d'orthographe" par "erreur d'orthographe.
1. Commentaires (5)
Les scrabbleurs pensent ça. Ils se flagellent après avoir joué un mot faux et se livreraient à des actes propitiatoires pour apaiser la déesse ODS (officiel Du scrabble pour le païens). Pour nous, un mot mal orthographié se paye cash : zéro !
> L'ignorance normative est-elle une FAUTE?
Nul n'est censé ignorer la loi. Mais celui qui enfreint la loi sera puni selon la gravité de son acte (contravention, délit, crime).
Que pensez-vous de la classification suivante ?
"crime d'orthographe" (par exemple : écrire PROSCRIRE à la place de PRESCRIRE sur une ordonnance vitale)
"faute d'orthographe" (si l'on sert un PINOT à la place d'un PINEAU, le client verra rouge !)
"erreur d'orthographe" (je manges des pommes)
"peccadille orthographique" (par exemple : "les tous derniers sujets" (cf https://www.grammaire.exionnaire.com/orthographe-sur-le-site-f3294.html ))
J'espère faire avancer le débat...
Accord total avec Jean-Mi. Je suis professeur en collège. Suite à un stage d'orthographe passionnant intitulé "0 faute en orthographe : un pari à relever", j'ai remplacé avantageusement depuis trois ans l'expression "faute d'orthographe" par "erreur d'orthographe" pour les raisons exposées par Jean-Mi. Pour la correction, j'ai banni le rouge, couleur agressive et sanglante. Pour la notation, j'enlève deux points pour les erreurs grammaticales (accords, conjugaisons) et homophones (a/à, ou/où, ces / ses/ c'est / s'est, etc.), un point pour les erreurs d'usage, y compris les accents. J'ai adopté un "barème dégressif", n'enlevant qu'un point pour toute erreur quelle qu'elle soit dès que l'élève est en dessous de dix. Je ne mets plus de zéro - quel travail peut être considéré comme complètement nul ? - ; l'élève noté zéro se dévalorise ("je suis nul en orthographe") et baisse les bras, les raisonnements du genre "tu es passé de zéro moins vingt à zéro, tu as progressé de vingt points, c'est beaucoup mieux que celui qui est passé de dix à quatorze" étant peu opérants. Ainsi la dictée est dédramatisée ce qui ne veut pas dire négligée. Les progrès viennent ... progressivement !
Cela répond-il à la question ? ;o)